Alternance 2025 à l’heure des choix
Pendant cinq ans, l’alternance a été l’une des grandes réussites de la formation en France : des entrées en hausse spectaculaire, un accès inédit pour les jeunes au supérieur, et des taux d’insertion qui ont fait de ce modèle une référence.
Mais en 2025, le paysage change.
Non pas parce que l’alternance “s’essouffle”, mais parce qu’elle arrive à un tournant stratégique.
La 5e édition du Tableau de bord de l’alternance, publié par l’Observatoire, apporte un éclairage précieux : les chiffres reculent légèrement, les entreprises hésitent davantage, et les réformes successives créent une zone d’incertitude. Pourtant, les fondamentaux restent d’une solidité impressionnante. Certains constats apportent un éclairage particulier sur les évolutions envisagées dans le Projet de loi de finances pour 2026.
Une baisse en 2025… qui ne dit pas tout
Les données arrêtées à fin septembre 2025 montrent un reflux : – 4,1 % d’entrées en apprentissage, avec une projection proche de – 10 % en fin d’année.
Mais ce ralentissement n’est pas un retournement de tendance :
➡️ il intervient après un cycle exceptionnel (2019–2023),
➡️ il touche surtout certains domaines,
➡️ et il s’explique par des facteurs conjoncturels, avant tout budgétaires.
Le contrat de professionnalisation, lui, continue de baisser (à fin août 2025 – 7%, après -25% fin 2024, -3% fin 2023 et -1% fin 2022), confirmant que l’apprentissage porte désormais presque seul la dynamique de l’alternance en France.
Un système encore puissant et indispensable
Ce que rappelle fortement le Tableau de bord :
- Les apprentis s’insèrent plus vite,
- plus durablement,
- et avec de meilleures rémunérations que les jeunes de la voie scolaire.
À trois ans, l’écart reste massif en faveur de l’alternance.
Dans un marché du travail sous tension, l’apprentissage demeure le levier le plus efficace pour répondre aux besoins des entreprises et sécuriser l’avenir professionnel des jeunes.
La stabilité de l’écosystème comme enjeu majeur
Ce que cette édition 2025 met en évidence, c’est moins une baisse qu’un besoin de lisibilité.
Entre les révisions des niveaux de prise en charge, les fluctuations de primes, la modification des charges pour les entreprises et la succession de textes parlementaires, les acteurs — CFA comme entreprises — naviguent dans une zone de turbulence.
Or l’alternance a prouvé en cinq ans qu’elle pouvait :
- répondre aux défis de compétences,
- ouvrir les portes du supérieur,
- réduire les inégalités sociales,
- et accompagner une génération très diverse.
Le risque n’est pas la perte d’intérêt, mais la perte de stabilité.
Un regard chiffré sur l’alternance avec le Tableau de bord
En 60 pages, ce document analyse :
- la démographie des jeunes,
- la structure des entrées,
- l’insertion professionnelle,
- les évolutions dans le supérieur,
- les secteurs économiques,
- et les enjeux d’égalité des chances.
C’est aujourd’hui la référence la plus complète pour comprendre ce qui se joue réellement derrière les chiffres.
Voir le tableau de bord de l’alternance
Un outil indispensable pour décrypter les évolutions de l’alternance et anticiper les enjeux des prochaines années.
Alternance 2025, année de bascule – 2026, année de rupture ?
L’observatoire de l’alternance – animé par WALT et QUINTET, a présenté, ce jeudi 11 décembre 2025 une synthèse de ses travaux et a annoncé la 5e édition de son tableau de bord. Certains constats apportent un éclairage particulier sur les évolutions envisagées dans le Projet de loi de finances pour 2026.
2024 : Chute du contrat de professionnalisation mais maintien du contrat d’apprentissage.
En 2024, le nombre de contrats de professionnalisation conclus atteint son niveau le plus bas (86 545). La baisse continue connait une nette accélération à compter du 1er mai 2024 avec la fin de la prime exceptionnelle.
La hausse des entrées en apprentissage, encore effective est très faible. En particulier, les entrées dans le supérieur, qui ont largement porté la forte croissance de l’apprentissage depuis 2019, progresse au même rythme que les autres niveaux pour la deuxième année consécutive.
Les deux formules cumulées, les entrées en alternance baissent.
2025 : Nouvelle chute des contrats de professionnalisation, baisse des contrats d’apprentissage.
Le contrat de professionnalisation, lui, continue de baisser (à fin août 2025 – 7%, après -25% fin 2024, -3% fin 2023 et -1% fin 2022). Cette chute est marquée notamment par celle des contrats conclus au bénéfice des moins de 26 ans. La progression des + de 26 ans avait en partie compensée la baisse, mais chute également
L’apprentissage porte donc, presque seul, la dynamique de l’alternance. Pour autant la baisse des contrats d’apprentissage intervient, pour la première année après un cycle exceptionnel de croissance depuis 2019. Si la baisse était de 3,35% à fin septembre, elle devrait etre, dans une fourchette encore large, de 5 à 10 % du nombre de contrats conclus en 2025, probablement toutefois inférieur à la prévision de baisse de l’INSEE. Le chiffre de 2025, quel qu’il soit, masquera de très fortes disparités, certaines branches accusant des baisses à deux chiffres. Il conviendra de bien analyser les données sectorielles mais il semble que les évolutions économiques n’expliquent pas à elle seules l’ampleur de ces baisses. La baisse, plus sensible pour les niveaux supérieurs, donnent du crédit à cette hypothèse, avec l’introduction d’un reste à charge systématique au 1er juillet, accentuant les pratiques qui se développaient avant cette date.
2024 et 2025 : Une baisse préoccupante de la santé économique des CFA.
Selon les chiffres de France compétences, un nombre croissant de CFA, connaissent des déficits d’exploitation sous l’effet cumulé de la hausse des charges et de la baisse des NPEC. D’une manière générale, les différences entre NPEC et couts constatés se sont réduits sensiblement, notamment pour les niveaux supérieurs. Conséquence, les fonds propres diminuent, fragilisant, tant pour le fonctionnement que les investissements, les CFA.
Alerte sur les investissements.
Selon les chiffres de France compétences, les fonds propres représentaient 66% du montant des investissements réalisés par les CFA en 2023. Le Gouvernement a proposé, dans le cadre du PLF, de diviser par 2 ou presque l’enveloppe investissement des régions, mais aussi de limiter la capacité des OPCO à les financer. Réduire aussi considérablement la capacité d’investissement, c’est dégrader l’outil de formation durablement avec des effets mesurables d’ici 5 ans environ.
Un choix qui s’avère incompréhensible au regard des déclarations du gouvernement et notamment de Monsieur Farandou, ministre du travail.
Voir le document du Walt’UP du 11 décembre
Un support complémentaire pour décrypter 2025 et anticiper 2026
L’Observatoire de l’alternance est porté par le cabinet Quintet conseil et l’association Walt
L’Observatoire a pour but d’objectiver et d’alimenter les débats pour permettre à tous les acteurs, politiques, institutionnels, économiques, mais aussi aux premiers d’entre eux, les alternants et leur entourage, de mieux appréhender cette voie et d’en connaitre tous les critères et axes d’amélioration.

Walt est un collectif qui porte la voix de l’alternance en réunissant écoles, entreprises et organisations engagées pour une alternance inclusive, responsable et coopérative.
Avec 1 200 écoles membres — soit plus de 30 % des apprentis en France — Walt fédère un large écosystème mobilisé autour de la réussite des jeunes et de la valorisation de la pédagogie de l’alternance.
Sa communauté active rassemble également 1 500 entreprises, 31 000 jeunes inscrits, près de 800 000 visites annuelles sur walt.community et 90 000 abonnés sur les réseaux sociaux.

Quintet est un cabinet de conseil créé par cinq associés issus d’expériences croisées au sein d’entreprises, d’organisations professionnelles et de cabinets ministériels. Il intervient en stratégie sociale, stratégie des compétences, raison d’être, communication sociale et politiques de relocalisation, auprès d’entreprises, de branches professionnelles et de dirigeants.
Particulièrement investi sur les enjeux de compétences, Quintet accompagne aussi l’évolution des politiques et actions dédiées au développement de l’apprentissage, en lien avec les écoles et organismes de formation.