Aides, démographie et métiers en tension : l’apprentissage en 2025

Que se passe-t-il sur l’apprentissage ? Le gouvernement souhaite-t-il réduire les aides ? Que pense le Sénat, l’Assemblée nationale ? Les choses bougent. Yves Hinnekint répond aux questions de B Smart.

Des changements en 2024, ou en 2025 ?

NDRL : Le Sénat, le 23 novembre dernier, a décidé de réduire globalement ce qui était fixé pour les jeunes.

Y.H. Je suis inquiet de ce genre de décision future. Est-ce que c’est validé ? Non, parce que c’est la navette habituelle entre l’Assemblée et le Sénat, et de nouveau l’Assemblée. Le Ministre du travail a dit qu’on ne toucherait pas à la prime (de 6 000 € pour l’embauche d’un apprenti, pour 2024).

Mais ce qu’on est en train de faire, c’est préparer l’exercice 2025. Donc oui, je suis inquiet. Pas pour 2024, mais pour 2025. Mais revenons un peu en arrière.

L’alternance en 2018 vs 2023

Y.H. En septembre 2018, on voulait désacraliser. On voulait ouvrir les chakras à l’apprentissage. Et ça a marché. Je pense que, à l’époque, si on leur avait dit qu’on passerait de 300 000 apprentis à 950 000 apprentis, tout le monde aurait signé.

Aujourd’hui, on n’est pas dépassé. On a en face de nous une vraie réussite de l’apprentissage. Le problème ?

Ça coûte cher, dit le gouvernement.

Ça coûte cher, car on finance avec le même budget qu’en 2018, trois fois plus d’apprentis. Et on regarde la chose sous l’angle du coût mais pas de l’investissement.

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Retour sur les derniers mois compliqués de l’alternance

Y.H. Je rappelle qu’en septembre dernier (2023), tombe une réduction de 5 % de l’enveloppe allouée. Et là, les CFA et Walt sont montés au créneau en disant :  « On a l’inflation et en plus vous nous réduisez l’enveloppe versée aux organismes de formation. »

C’est comme si on avait 950 000 apprentis avec le même budget que pour 350 000. Il faut faire des économies. Et les économies ? On essaie de les faire sur le niveau de prise en charge du coût d’apprentissage en 2022.

Ce niveau de prise en charge a été raboté de 10 % en 2023. Aujourd’hui, il y a déjà un effort qui a été fait par la profession, par les écoles, par les CFA.

Certains CFA commencent à se dire : « Je ne vais pas ouvrir des cohortes, je ne vais pas ouvrir des sessions parce que je commence à perdre de l’argent si je n’arrive pas à avoir un certain nombre d’apprentis. »

Ce qui va tarir finalement, doucement, ces filières d’alternance qui étaient plutôt des filières d’excellence et d’alternance.

Un double discours « comptable » du gouvernement ?

NDRL : Comptable, France compétence indique 2 milliards d’€ de déficit, qu’il faut réduire. Communicant, il faut aller vers le plein emploi.

Y.H. Il y a un antagonisme. On a un président de la République qui décide de booster l’apprentissage. C’est un dispositif phare pour lui. Ça participe aussi à la création d’emplois, bien sûr.

Rappelons que l’alternance est le tiercé gagnant pour un jeune, dans l’ordre : une formation payée par l’entreprise à travers son organisme, une rémunération, il se fabrique au fur et à mesure. Et cerise sur le gâteau, 70 % des jeunes trouvent une insertion durable à la fin de leur contrat. Il y a encore quatre ans, on évoquait ce sujet.

C’est compliqué en France, le chômage des jeunes. Aujourd’hui, on a trouvé une formule qui fonctionne, on peut la faire progresser, on peut faire des économies, mais ça marche.

Les aides de l’alternance, plus ciblées ?

NDRL : Le Sénat évoque l’idée de capter les aides de l’alternance à hauteur de bac +2.

Y.H. Revenir à l’apprentissage pour les moins bons niveaux de qualification, ça veut dire retourner à l’apprentissage d’avant les années 60.

L’apprentissage est bon pour tous les niveaux de qualification, du premier niveau jusqu’à bac +5.
On voit beaucoup de prises de paroles et de positions pour dire qu’il ne faudrait pas que l’apprentissage aille à l’enseignement supérieur, aille au-delà de bac +2. Mais au contraire, il faut continuer à montrer aux jeunes que l’alternance peut aller sur tous les métiers, tous les diplômes.

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Au quotidien, on voit que l’alternance permet aux jeunes d’accéder à des formations auxquelles ils n’auraient pas pu accéder sinon.

Ça permet aux jeunes qu’ils se payent leurs études, sans « papa et maman ». Ils gagnent en autonomie, en indépendance financière, et en compétences.

Certes, il faut faire des économies, travailler ensemble sur la prime, mais sans discrimination entre telle catégorie de diplômes et telle catégorie d’entreprises.

Regardons la chose sous l’angle de l’investissement, pas sous l’angle du coût. Et globalement, sous l’angle de l’investissement, l’alternance ça rapporte.

L’alternance, les métiers en tension et la démographie

Y.H. On s’inquiète aussi d’un tarissement d’un certain nombre de secteurs manuels sous tension. Dans ces secteurs, c’est pareil, si on laisse faire, les écoles vont fermer. Alors qu’on manque de chaudronniers, de soudeurs, de bons techniciens…

Depuis quelques années, on est sur une courbe démographique qui commence à stagner. Aujourd’hui, les entreprises ont bien le réflexe de l’alternance, c’est en soi une victoire. Par contre, on a peut-être un peu moins de jeunes qui peuvent intégrer ces emplois, ce qui donne des métiers, des formations, en tension.

Dans ce cas, il faut le dire encore aux jeunes : « Allez sur les filières d’alternance, ce sont des filières d’excellence ! Elles vous permettent de pouvoir vous immerger vraiment longtemps. Un Combo gagnant.

Voir l’interview complète d’Yves Hinnekint sur l’apprentissage en 2024-2025

Et voici le lien direct : https://www.bsmart.fr/video/22601-smart-job-14-decembre-2023

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